C'est à Auguste que nous devons la création de l'image du Prince dans la Rome antique. L'empereur entretient son image pour mieux conforter son pouvoir. Le portrait de l'empereur n'est pas une manifestation occasionnelle, mais un véritable acte politique, dont la diffusion se fait dans tout l'empire à partir de Rome. Les différents portraits sont créés dans les ateliers officiels de Rome sur ordre de l'empereur. C'est lui qui choisit la pose, l'expression, la coiffure qu'il veut donner à l'effigie. Un sculpteur, maître d'atelier, réalise le portrait, probablement en terre cuite, le "prototype". Il ne sert que de modèle et ne sera jamais exposé. Il est ensuite moulé et les moulages positifs obtenus servent de modèle pour les copies qui vont être sculptées dans les ateliers de Rome et envoyées dans tout l'Empire, afin que chacun connaisse le visage du souverain. Certaines statues seront directement exécutées dans des ateliers de province ; se crée ainsi un nouveau processus de copies destinées à la production locale.
Le portrait romain, c'est l'art du paraître et de la propagande, avec une codification qui permet d'interpréter correctement les statues. Ainsi, l'empereur veut toujours être représenté sous les traits d'un homme jeune, beau, viril et serein pour inspirer confiance. Pour le seul Auguste, plus de 250 portraits ont été répertoriés. Ces portraits sont tous marqués par un certain idéalisme, même les portraits de fin de règne au visage lissé. Auguste exploite jusqu'au bout l'image du prince idéal éternellement jeune comme symbole d'une Rome éternelle. Les différents portraits d'Octave-Auguste se différencient notamment par l'arrangement des mèches frontales, qui change en fonction des époques, marquant ainsi différents événements de la vie de l'empereur.
Le portrait de Béziers présente un triumvir énergique, combatif, au visage nerveux et dur. C'est la toute première image d'Octave jeune homme, au début de sa carrière. Ce rendu correspond à l'esprit de l'époque pendant laquelle Octave se lance dans une carrière politique à l'avenir incertain. Il doit alors s'imposer comme successeur de Jules César s'il veut accéder au pouvoir, en pleine période de guerre civile.
AUGUSTUS ET ALII - Exposition du 31mai au 18 septembre 2011 - Musée du Biterrois.
Sur ce détail d'un des bas-reliefs de l'Ara Pacis Augustae à Rome, représentant la procession du 4 juillet 13, nous retrouvons, au premier plan et de gauche à droite, les portraits d'Agrippa, de Caïus Caesar (Prince de la jeunesse), de Livie et enfin de Tibère.
Remerciements à Marie Ann Sullivan, professeur émérite, en anglais et histoire de l'art, à l'université de Bluffton dans l'Ohio (USA), qui m'autorise à publier ses photographies.
http://www.bluffton.edu/~sullivanm
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