"752 - SOLDATS PRETORIENS, bas-relief en marbre ; au dessus de la porte d'entrée.
Ce grand bas-relief, qui doit avoir fait partie d'un monument considérable, est aussi intéressant par son sujet que par le soin qu'on a mis à rendre tous les détails de l'armure des soldats prétoriens qu'il représente. On y retrouve leurs grands boucliers ovales, dont l'umbo au milieu est très saillant, pour mieux amortir les coups ; ils sont chargés de différens ornemens, parmi lesquels on remarque des foudres ; cet emblême est ailé sur le bouclier du guerrier qui occupe le milieu de la composition, et que la richesse de son costume, la tête de Méduse sur sa cuirasse, et surtout le plus grand nombre de bandelettes qui pendent de son ceinturon, tandis qu'il n'y en a que trois à ceux des deux autres, peuvent faire regarder comme leur chef. Ces foudres indiquent une célèbre légion romaine, la douzième, qui avait le surnom de fulminante. Un de ces prétoriens est armé sur le côté droit de cette terrible épée pesante et courte qui forçait le soldat romain de joindre son ennemi corps à corps, et avec laquelle il faisait de si larges blessures. Sous l'armure de deux de ces prétoriens, on voit l'armiclausa : mais celui de droite l'a mise par-dessus sa cuirasse et l'a serrée avec son ceinturon, ce qui offre une variété de costume. Leurs chaussures sont fermées et ne montent que peu au-dessus de la cheville du pied, en laissant le reste de la jambe à découvert ; il y a bien quelques restaurations dans cette partie du bas-relief qui a été brisée à la hauteur du dessous des genoux, mais les pieds sont en partie antiques. Derrière ces trois soldats du premier rang, on en aperçoit trois autres, dont deux sont armés de javelots ; le troisième porte une enseigne surmontée d'un aigle et sa tête est couverte d'une peau de lion, ainsi qu'on le voit dans d'autres monuments, et surtout dans les bas-reliefs de la colonne Trajane. C'est d'après les têtes de ces deux prétoriens, que l'on a restitué celles des trois autres ; quoi qu'elles soient bien exécutées, on ne peut douter qu'elles ne soient rapportées et même modernes, si l'on fait attention que les casques sont travaillés et ornés par derrière, ou dans la partie qui touche au fond du bas-relief, ce qui n'aurait pas pu se pratiquer en exécutant dans la masse du marbre, celui-ci ou tout autre ; et ce n'est sans doute que par inadvertance que le restaurateur, dans sa restauration, s'est laissé aller à ce travail inutile. Si je fais ces observations qui peuvent paraître minutieuses, ce n'est que pour montrer le soin qu'il faut apporter pour discerner dans les monumens ce qui est antique de ce qui ne l'est pas. Le temple consacré à Jupiter Capitolin, dont l'aigle orne le fronton, est aussi dans ce bas-relief une addition ; mais elle n'est pas moderne, et c'est un fragment d'un autre monument. Quant à l'action qu'offre celui-ci, on pourrait en indiquer plusieurs auxquelles cette composition conviendrait ; et lorsqu'elle était entière, elle pouvait représenter ou un sacrifice militaire, ou une allocution. Ce bas-relief, qui faisait autrefois partie de la collection Mattei, a été acheté à la vente du cardinal Fesch. - H. 1,624 m - 5 p. ; larg. 2,056 - 3p. 6p. 4l."
Description des Antiques (Cour du musée)
Extrait de l'ouvrage : Description du Musée Royal des Antiques du Louvre.
Auteur : M. le Cte. de Clarac : Conservateur de la première division du Musée Royal des Antiques (Antiquités grecques, romaines, du moyen âge, sculpture française).
Edition datant de 1830.
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