"Dans le parc de Sauvian encore est une borne milliaire ; elle fut tirée d'une vigne appartenant à la famille Alengry de cette commune, et située au tènement de la Croix de Fer, à 200 mètres environ de distance du lieu où fut trouvé le tombeau de Julia Eutychia ; elle était sur la limite de cette propriété particulière, au point d'embranchement de trois chemins vicinaux appelés de la Bestoule, de Saint-Lairés et du Thou ; à cette place, l'essieu des charrettes dégrada les premières lignes de l'inscription qu'elle porte.
Ce fut, d'une pierre commune, à 1 mètre 379 millimètres de hauteur et un peu plus que 2 mètres de circonférence. La partie supérieure de l'axe est percée d'un trou rond, de 162 millimètres de profondeur, dans lequel avait été plantée une petite croix de bois ; dans la partie inférieure, un trou carré, ayant 90 millimètres de profondeur et 150 millimètres d'ouverture, ferait présumer que cette base s'adaptait à un socle ou à une autre partie de fut. Voici l'inscription, telle qu'elle subsiste :
........DIVS CAESAR
.........IANIC. PONTIF.
MAXIMUS. TRIB. POTEST.
VIII IMPERATOR XIII. PP.
COS IIII .. NSOR REFECIT.
Avec ces mots, en consultant d'ailleurs les documents historiques et d'autres inscriptions qui ont trait au même Empereur, il est aisé de compléter celle-ci et de lire : "Tiberius Claudius Caesar, Augustus Germanicus, Pontifex maximus, Tribunitia potestate VIII, Imperator XIII, Pater patriae, Consul IIII, censor refecit".
Cette inscription ne porte pas de numéro ou chiffre énonciatif de la distance entre le lieu où la borne avait été posée et celui qui était le point de départ de la route, ...
... La colonne itinéraire de Sauvian, le Salvianus du moyen âge et sans doute de l'ère Gallo-Romaine, indique qu'il a existé dans son voisinage une voie antique qui devait mettre en communication Agde et Narbonne, et par un embranchement la première de ces deux villes avec Béziers. Sauvian est peu distant de Sérignan où sont quelques vestiges d'un pont sur l'Orb, lequel faisait partie de cette voie rapprochée de la mer et indépendante de celle qui, plus avancée dans les terres, reliait Béziers à Narbonne par le pont Sepme (Pons Septimus) jeté sur les marais de Capestang. L'emplacement de la première des deux voies ne peut être fixé avec certitude au lieu même où la borne a été trouvée, parce que cette borne est en état de fragment, ce qui ferait supposer qu'elle y a été portée d'un autre point qui cependant devait être peu éloigné."
Extrait du Bulletin de la Société Archéologique de Béziers de M. Ernest SABATIER (Tome Quatrième - 1841)
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