OCTAVE - AUGUSTE (63 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.)
Si ce n'est par ses premiers éditeurs, qui y ont vu Drusus l'Ancien ou Tibère, ce portrait a toujours été considéré comme celui d'Auguste.
Né à Rome le 23 septembre 63 av. J.-C. sous le nom de Caïus Octavius, il est le petit neveu de Jules César, qui l'adopte en 45 av. J.-C. et en fait son héritier principal.
Après la mort de César aux ides de mars 44 av. J.-C., Octave décide donc de lui succéder. Il met 14 ans, au prix d'une guerre civile impitoyable, à écarter tous ceux qui veulent lui barrer le chemin : Brutus et Cassius, les meurtriers de César, Lépide, l'un des hommes forts du moment, et Marc-Antoine, célèbre chef militaire qui, après le meurtre de César, avait soulevé le peuple contre les assassins, espérant ainsi apparaitre comme le seul défenseur de l'ordre.
Grâce à la victoire sur Marc-Antoine à Actium, en 31 av. J.-C., Octave se retrouve seul maitre de l'empire. A son retour à Rome, il va gouverner de façon informelle et pour gagner définitivement les esprits à sa cause, il lance une véritable "opération de charme", marquée par une profonde volonté d'établir une ère de paix. En janvier 27 av. J.-C., il propose au Sénat un nouveau régime : le principat, qui a pour but de remettre de l'ordre dans tous les domaines. Octave, reconnu comme Princeps, ce qui signifie le "premier des citoyens", devient le chef officiel de l'État romain. Le Sénat conserve ou reçoit d'importantes prérogatives dans les domaines de l'administration civile, des finances, de la justice et de la monnaie. Octave reçoit alors du Sénat le titre d'"Imperator Caesar Augustus". Il prendra désormais le nom d'Auguste.
Auguste a fait de Rome le centre artistique et intellectuel de l'Empire en soutenant artistes et poètes. Parallèlement, même s'il cumule les fonctions de chef de l'exécutif, des armées et des Provinces, de tribun de la plèbe, de censeur, de juge suprême, de législateur et de chef de la religion en tant que Grand Pontife, il réussit à maintenir les institutions républicaines, et surtout, à ramener durablement la paix dans l'Empire. C'est pourquoi ses 44 ans de règne seront appelés "le Siècle d'Auguste".
Ce portrait d'Octave est l'une des images les plus anciennes, sinon la plus ancienne à ce jour, parmi toutes celles qui nous ont été conservées, du futur empereur, datable encore de l'époque triumvirale. Très différent des autres portraits du "groupe", il fut longtemps seul à se dresser dans un des bâtiments officiels de la jeune colonie à peine fondée (36-35 av. J.-C.).
Le portrait de Béziers présente donc un triumvir énergique, combatif, au visage nerveux et dur. C'est la toute première image d'Octave jeune homme, au début de sa carrière. Ce rendu correspond à l'esprit de l'époque, pendant laquelle Octave se lance dans une carrière politique, à l'avenir incertain. Il doit alors s'imposer comme successeur de César s'il veut accéder au pouvoir, en pleine période de guerre civile.
Le traitement malhabile de l'arrière de la chevelure semble montrer que la statue fut réalisée dans un premier temps velato capite. Les Romains se couvraient ainsi la tête lors des cérémonies religieuses ; par conséquent, la sculpture pourrait être mise en relation avec la cérémonie de fondation de Béziers, vers 36-35 avant notre ère, que l'on attribue à Octave, et qui justifierait la présence de son portrait dans la ville. Quelques années plus tard, son portrait sur le forum de Béziers n'a plus besoin d'être couvert car il apparaît désormais comme le fondateur d'une dynastie plus que comme le créateur d'une cité coloniale. l'arrière de la tête est alors maladroitement retaillé pour enlever la toge et figurer les cheveux, et donner du nouvel empereur une représentation civile et politique et non plus seulement religieuse.
Les trois portraits de Julie, d'Agrippa et d'Agrippa Postumus seraient venus rejoindre celui d'Octave (devenu Auguste), vers 12 ou 11 av. J.-C., sur le forum de Béziers.
En se faisant représenter entouré de ses proches, à Rome et sur les forums des cités provinciales, Auguste veut confirmer qu'il a bien une famille, synonyme de progéniture, donc, de succession, et affirmer sa volonté de voir régner sa descendance. Ces effigies étaient l'occasion de célébrer la famille impériale dans les moments importants de sa vie, de donner une dimension publique à ces évènements et d'y impliquer la population.
Extrait de la notice "AUGUSTUS ET ALII Le portrait romain"
Exposition du 31mai au 18 septembre 2011 - Musée du Biterrois.
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